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samedi 1 mars 2014

Moneyball et autres supercheries

(Photo: Getty)
Depuis le milieu des années ’90, le baseball a été pris d’assaut par des charlatans qui tentent pour toutes sortes de raisons de réinventer ce sport. À la base, le baseball n’a pas vraiment changé depuis plus d’un siècle, même si la balle est plus vivante et que quelques modifications ont été apportées aux règles et au monticule. Ce qui n’empêche personne de vouloir faire autrement. C’est sain qu’il en soit ainsi. On ne doit pas se fermer à des façons différentes de faire les choses. Mais encore faut-il que ces choses soient différentes et quelles fassent vraiment progresser. Ce qui n’est pas toujours le cas.

Souvenez-vous de la plus grande invention depuis le pain tranché; La « gyroball » de Daisuke Matsuzaka. Gyroball qu’on n’a jamais vu d’ailleurs. Si vous vous rappelez, après avoir consulté quelques instructeurs des lanceurs pour m’assurer de ne pas avoir échappé quelque chose quelque part, je vous avais prévenu que la seule chose que vous verriez c’est une « sinker. » C’est effectivement, le plus proche de ce qu’on a vu du fameux lancer qui devait nous faire écarquiller les yeux. Une balle de baseball demeure une balle de baseball. Il y a une limite aux effets qu’on peut lui donner. On peut bien la lancer de la façon qu’on le voudra, ses effets resteront les mêmes. Même une balle papillon aura tous les effets d’une balle papillon. Non elle ne va jamais passer derrière le frappeur contourner l’arbitre et revenir en avant dans la zone des prises.

Puis, on a aussi eu droit à Stephen Strasburg. Vrai, le jeune artilleur avait une balle courbe qui atteignait la vitesse d’une glissante. Sa rapide explosive était phénoménale! Mais…comme tout bon lanceur qui atteint des vitesses au-delà des 100/MPH, il n’a pas tenu la route. Bien sûr, Strasburg demeure un lanceur redoutable. Mais il a dû ajuster et changer sa façon de lancer pour devenir plus « normal » tout en gardant une rapide dévastatrice mais plus réglée.  La distance entre le monticule et le marbre fait en sorte qu’il est aussi très difficile pour ces lanceurs d’avoir un bon contrôle à 100/MPH et plus. Généralement, ils accumulent autant les buts sur balles que les retraits sur des prises. Et tout comme Strasburg, les blessures finissent par les rejoindre.

Il y a aussi eu l’autre phénomène des Nationals de Washington, Bryce Harper. L’homme qui frappait à des distances invraisemblables! Ça aussi c’était bien vrai…dans le High School. Mais devant des lanceurs aguerris pros ou des majeures, ça l’est pas mal moins. Ce qui ne change rien au talent de Harper, ni à ses qualités de joueur, mais non, on ne verra jamais le trafique aérien être arrêté chaque fois qu’il se présentera au bâton.

Puis toutes ces nouvelles façons de s’entrainer hors-saison où les joueurs vont se faire suer à grosses gouttes comme des boxeurs ou des joueurs de football américain. « C’est comme ça qu’il faut s’entrainer dorénavant… » C’est aussi comme ça qu’on a jamais autant vu de joueurs fragiles comme de la porcelaine. Les releveurs lancent moins, les partants aussi, les joueurs qui jouent plus de 150 matchs sont moins nombreux et ils s’entraînent comme des malades l’hiver pour finalement être plus blessés que jamais parce que le corps après une saison de 162 matchs a besoin de se reposer! Les joueurs sont meilleurs, plus athlétiques mais les équipes doivent s’en passer plus souvent pour des périodes prolongées, parfois des saisons entières, et ça, même avant d’avoir atteint l’âge de 28 ans. Quelqu’un dort au gaz quelque part?

Et le Moneyball

Billy Beane est un génie qui ne fait rien de génial. Le Moneyball dont on en fait l’inventeur à tort, n’a rien de différent de ce qui s’est toujours fait au baseball. D’abord, le premier à avoir préconisé le Moneyball c’est Sandy Alderson qui était avec les A’s d’Oakland avant Billy Beane. Mais Alderson avait construit un bon personnel de lanceurs et il avait déjà demandé à ses gérants d’inciter les frappeurs à être plus patients. Être patient au bâton, n’est pas une invention récente. Un bon frappeur intelligent qui n’est pas particulièrement reconnu pour sa patience, gardera le bâton sur l’épaule pour un ou deux tirs après qu’un lanceur ait donné un but sur balles au précédent. Le Moneyball n’existe tellement pas que les A’s d’Oakland ont terminé pour la moyenne de présences sur les buts sous l’ère Billy Beane, deux fois 21ème, une fois 22ème, une fois 24ème, une fois 29ème. Cinq fois dans le dernier tiers pour cette statistique chère aux adeptes du Moneyball. Au total, six fois dans la deuxième moitié des équipes dans les 10 dernières années incluant la saison 2012 où ils ont étonné tout le monde en coiffant les Rangers du Texas au fil d’arrivée. On est loin d’une équipe construite systématiquement sur la patience de ses frappeurs. 

Lors de la fameuse saison 2002 qui a été portée au grand écran dans le film Moneyball, ce qu’on oublie de vous dire, c’est que Miguel Tejada et Eric Chavez ont frappé 34 circuits chacun, Jermaine Dye 24. Ils ont terminé 4ème pour les circuits dans toute la MLB et 10ème pour les coups de plus d’un but. Mais surtout qu’ils ont terminé 3ème au monticule. On a aussi oublié de vous parler de la saison de Barry Zito gagnant du Cy Young, de Mark Mulder et de Tim Hudson. Dans les 12 dernières saisons, les A’s ont terminé dans le top 10 en 10 occasions, une fois 11ème et une fois 13ème. Oakland a traditionnellement, depuis Alderson, toujours construit un bon personnel de lanceurs. Les deux dernières saisons où l’offensive des A’s n’a pas été un grand modèle, n’a pas fait exception. Le réseau de développement de l’équipe est très efficace dans la progression des lanceurs. Pour en rajouter, Bill James, un des grands de la sabermetic à l’emploi des Red Sox de Boston, admet lui-même que cette science est bonne pour évaluer la saison d’un joueur, mais qu’elle est inutile pour évaluer l’acquisition de celui-ci. Billy Beane a aussi admis que le Moneyball n’existe pas par définition. Qu’il n’avait pas le choix en 2002 de combler ses pertes par les meilleurs joueurs possibles au plus bas coût possible. En fait, ce qu’on appel le Moneyball nous ramène au vieil adage, « The name of the game is pitching! » Ajoutez à ça la ténacité d’une équipe forte mentalement, où Beane et le gérant (Bob Melvin dans le cas présent.) insistent sur l’importance de ne jamais avoir une présence au bâton perdue combinée à une défensive solide et mobile. Beane est aussi un génie de la communication et un fin observateur. Il est là le génie de Beane. Il fait croire à tout le monde que son attaque et ses succès, sont basés sur la patience. Que croyez-vous que les lanceurs font pour éviter d'être usés de leurs tirs? Et oui, ils lancent en plein coeur du marbre. Les frappeurs moyens des A's n'ont plus qu'à en profiter devants des adversaires devenus prévisibles. C’est tout en l'honneur du directeur gérant. Mais tout ceci n'est pas du Moneyball, c'est du "BillyBall." 



  

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