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mardi 14 mai 2013

Québec, Montréal, deux mondes


Je suis de la ville de Québec. Si vous ne le saviez pas, vous êtes maintenant au courant. Voilà, c’est réglé. Mais le but de cet article, n’est pas d’écrire une autre page redondante de la rivalité entre Québec et Montréal. Je laisse ça à nos péquenots bien de chez-nous, assis sur la galerie avec leur .12 à gros sel. Si ça ne vous fait rien, je vais garder ma tête pour une analyse qui se tient debout.

Les deux villes, ont souffert de la perte d’une équipe sportive majeure. Pour une raison obscure, la perte des Nordiques de la Ligue Nationale de Hockey à Québec a fait beaucoup plus de dommage dans le moral collectif que le départ des Expos à Montréal. Il faut dire qu’on a bien travaillé pour vous marteler que le baseball majeur était malade avec des salaires complètement fous. C’est vrai qu’un peu plus de deux fois le salaire d’un joueur de hockey, avec le potentiel de quatre fois plus de revenus aux guichets, un contrat de télé à des années lumières de celui du « gouret », et des revenus publicitaires à ne plus savoir où les mettre, c’est quand même plus débile que dans la ligue la plus pauvre du sport. Mais bon quand une vache à lait a de l’influence dans les médias, on a parfois droit à des commentaires et des analyses d’une intelligence douteuse.

Québec mène la charge et change

Or, quand les Nordiques ont quitté, je me souviens que le soir même de l’annonce définitive, j’étais dans le stationnement du stade Municipal. J’allais assister à un match de baseball de la LBÉQ. En regardant vers la haute ville, j’avais une boule dans l’estomac. MA ville venait de perdre son âme. L’atmosphère était triste par cette belle soirée ensoleillée. Nous étions pourtant plus de 2 000 dans les gradins, à faire suer les bénévoles qui ne savaient plus où donner de la tête avec tout ce monde qui les avaient surpris. Sans le savoir ce soir là, les gens de Québec venaient peut-être de mettre la première pierre à ce que l’on sait aujourd’hui. Des gens s’étaient déplacés pour aller encourager leur équipe de baseball junior. On avait besoin de sentir d’autres émotions. Et quoi de mieux que ce sport qu’est le baseball pour nous réconforter? Plus tard dans l’été, ce fut 3200 paires de fesses qui s’entassaient dans les gradins. Le même automne plus de 10 000 en faisaient autant au stade du PEPS pour voir le Rouge et Or au football universitaire canadien. Ont ensuite échoué au hockey, les Rafales de la Ligue Internationale et les Citadelles de la Ligue Américaine. Mais les Remparts ont pris le relais avec le succès que vous connaissez. Même la ligue Nord Américaine de Hockey a rempli le Colisée. Le Challenge Bell de Tennis a été choisi pat l’ATP meilleur tournoi au monde de sa catégorie, les Capitales de Québec, sont nés dans la Ligue Northeast; Un circuit indépendant. Le Rouge et Or frôle maintenant les 20 000 spectateurs. Certains rêvent d’une concession dans la Ligue Canadienne de Football, et on attend le retour de nos Nordiques. MA ville a retrouvé sa splendeur, ses sourires et sa belle folie. Elle a toutefois beaucoup changé. Le paysage n’est plus tout à fait le même. Les édifices commerciaux, les condos, les maisons poussent comme des champignons. Un nouveau maire, une nouvelle administration municipale, ont grandement contribué. Mais aussi, une population qui en a eu assez d’être toujours raisonnable quand venait le temps de dépenser de l’argent public alors qu’ailleurs, on pigeait dans les subventions du gouvernement. Une population qui a décidé d’embarquer derrière ce qu’elle avait, sans regarder le sacro-saint calibre pour s’amuser comme le font les Américains avec leurs équipes universitaires et leurs équipes de circuits mineurs. 

Montréal ne sait plus

Pendant ce temps, Montréal, ne sait plus où elle se situe. La ville tombe en ruines, son stade de baseball qui n’en était pas un à l’époque, ne sert plus à grand-chose. Elle se salit, manque de propreté et aussi de netteté pour ne pas dire d’honnêteté. Plus rien ne ressemble à ce Montréal qu’on aimait. Pourtant, le moral est plutôt bon. Comme si on avait décidé que c’était bien d’être passé second derrière Toronto, et de couler à pic devant les autres grandes villes d’Amérique. On se plait à être les négligés. On est devenu la Regina de l’est au lieu d’être encore la New York du Canada. 

On ne sait plus qu’est-ce qui attire les gens à Montréal. Se retrouver au coin de St-Denis et Ste-Catherine pour regarder le monde passer bien assis sur une terrasse? On peut faire ça à Philadelphie, vous savez, ou même à Baie-Comeau le long du sentier pédestre avec vu magnifique sur le fleuve en plus. Aller y voir se produire un artiste québécois lors d’un des nombreux festivals? Certainement pas, si je suis un voisin du sud, et pourquoi je partirais de Rimouski quand il viendra chez-moi de toute façon? Y visiter le Biodôme? Bien pourquoi pas Marineland ou même les zoos de San Diego et St-Louis? Le Vieux Montréal? Je ne voudrais pas vous faire suer, mais je vais rester chez-moi ou même aller à Boston ou Nantucket. Voir un spectacle permanent de renommé international comme Elvis Story à Québec ou Cats sur Broadway? Non plus. Magasiner dans les grandes boutiques? Encore là, New York passe loin devant, et même Québec, Capitale Nord-Américaine du shoping avec le plus grand nombre de magasins et de boutiques par habitant. Bref, Montréal s’amuse localement avec ses festivités pour sa propre population. Elle n’a plus rien de différent avec Cleveland, Detroit, Pittsburgh, Atlanta ou Oakland.

Qu’est-ce qui nous attire encore à Montréal? Le Festival International de Jazz! Ah! Là, juste là…on s’approche! Le Grand Prix de Formule 1! Voilà deux activités qui accrochent non seulement les Montréalais, mes les gens de toute la province et du monde entier. Mais cette ville a besoin de plus que ça. Ce n’est pas l’Impact de la MLS qui fera faire un détour aux gens. Entendons-nous. C’est bien que Montréal soit dans la MLS. C’est même très bien si l’équipe a du succès aux guichets. Mais il faut quelque chose qui attire les gens de façon perpétuelle. Comme les Expos le faisaient. On allait aux Expos de partout en province, du Canada et des États-Unis. On en profitait pour y passer la fin de semaine. Ce sport fait partie de NOTRE culture. 

Sans émotion

Une équipe majeure de sport n’est pas tout dans une ville. Québec l’a prouvé. C’est peut-être même pour ça qu’on se sent si près du retour de la LNH. Montréal peut vivre sans équipe de baseball majeur, mais elle doit avoir une boule dans l’estomac. Ça doit lui faire mal d’avoir perdu son équipe. Ce qu’on ne sent pas chez le Montréalais. Oui, je sais, VOUS, ça vous fait mal, mais LE Montréalais lui? Quand Québec a perdu son équipe, les gens ont vécu un deuil. Ils se sont ensuite tournés vers le hockey junior. « Ok, on est en maudits! Vous nous avez enlevé notre équipe, mais vous ne partirez jamais avec notre amour pour ce sport! » Voilà, le message que les gens de Québec ont lancé à tout le monde. C’est ce message que j’attends et que je n’entends pas après ces années sans baseball majeur. Les Expos, c’était l’équipe de tout le Québec. C’est ce qui réunissait les amateurs de sports de Québec et Montréal l’été. Pas de rivalité! On était tous des supporteurs des Expos. Trois-Rivières vient d’entrer dans la Can-Am. Québec y était déjà depuis 14 ans. De petites villes du Québec attirent plusieurs amateurs dans les parcs de la LBÉQ. Mais à Montréal? On a été obligé de jouer un match d’exhibition entre les Capitales et les Aigles de la Can-Am dans un parc qui ressemblait davantage au terrain du parc St-Mathieu qu’à un stade de baseball. Il y a quand même eu 1200 personnes. Imaginez dans un petit stade adéquat par un beau soir de juillet à analyser un match de baseball pro avec l’odeur des hot-dogs et le vendeur qui vous crie le nom de ses rafraîchissements?        

Retour probable de la MLB

Je vous avoue bien honnêtement que j’ai toujours cru au retour du baseball majeur à Montréal. Avant même qu’il quitte. D'abord, parlons des vraies choses. Le retour des Nordiques à Québec était moins probable que celui des Expos à Montréal. Le hockey est un sport local aux États-Unis et national au Canada. La croyance veut que le hockey soit impopulaire chez les voisins. Rien de plus faux. Ils adorent le hockey. Le problème, c’est qu’on a mal implanté certaines concessions. Une équipe de hockey de la LNH aurait plus de chance de réussir à Providence ou dans n’importe quel « Springfield » qu’à Phoenix ou Kansas City. Ces villes sont saturées d’équipes majeures et aussi universitaires d’autres sports. Dans des villes comme Tulsa on a attiré plus de 17 000 personnes pour du hockey de la ECHL. À Orlando, les Solar Bears attiraient 18 000 personnes dans la LIH. Il y a 5 équipes pros au Texas, et aucune n’est sous la barre des 5 000 spectateurs de moyenne. Le dollar loisir et sportif est très sollicité dans les grandes villes aux États-Unis. Normal que le sport moins culturel passe loin derrière, si le prix de vos billets n’est pas plus qu’abordable.

Il y a donc un plus grand potentiel de concessions pour du hockey qu’il y en a pour du baseball. C’est beaucoup plus difficile de trouver un marché pour le baseball majeur. Les Expos ont mis du temps à quitter parce qu’on cherchait un endroit pour les relocaliser. On ne se ruait pas à la porte de Bud Selig. Tu peux construire un amphithéâtre aux États-Unis et le rentabiliser avec une équipe universitaire de basket et des spectacles en attendant une équipe majeure, mais au baseball que faire d’un stade qui frôlera le milliard si tu n’as personne qui jouera dedans? Il n y a pas beaucoup de solution pour relocaliser une équipe en Amérique. Ni pour une expansion. Les chances d’un retour du baseball majeur à Montréal sont donc excellentes. Elles l’ont toujours été. Sauf qu’il faudra être encore plus patient qu’à Québec avec les Nordiques.

On doit être plus méthodiques au baseball en raison de la construction onéreuse d’un stade. Le projet doit être plus étoffé. Montréal n’en est pas encore là. Les problèmes dans le milieu municipal, n’aident pas la cause actuellement. Toutefois, il faudra bien un grand projet comme celui de bâtir un stade pour redonner et se redonner confiance, n’est-ce pas? Le timing n’est pas encore tout à fait le meilleur. Mais il faut s’y préparer. Ça pourrait bien être le projet qui relancera la ville. Il faudra vendre cette idée. Il faut absolument commencer à tâter le terrain pour justement en trouver un. Il faut une maquette, quelque chose qui soit prêt à présenter quand le timing sera le meilleur. 

Lancez ce foutu message!

D’ici là, il faut que Montréal retrouve son  goût pour le baseball. Il faut se rendre dans les parcs de la LBÉQ en discuter, échanger sur les joueurs, en faire des analyses, amener une concession de la Can-Am dans la région. Pas parce que ça va ramener une équipe de la MLB, parce qu’il faut que les Montréalais lancent leur message. Pas au baseball majeur, à eux-mêmes! Il faut se convaincre que les Expos n’étaient pas le baseball. Il faut pouvoir démontrer que même s’ils nous manquent, on ne pourrait pas vivre sans baseball dans sa ville. Il faut encore s’en passionner pendant que les éléments se mettront discrètement en place pour un retour aux majeures. Québec et Trois-Rivières ont envoyé leur message à qui veut l’entendre. Ils peuvent se passer des Expos, mais pas de baseball. Car ce n’est plus de la tristesse quand on la perpétue, ça devient pathétique après toutes ces années. Alors Montréal? Le message viendra t-il enfin? Cette ville aime t-elle le baseball? Se lèvera t-elle à son tour pour se le dire?




6 commentaires:

  1. Votre commentaire est très juste!

    «il faut que les Montréalais lancent leur message. Pas au baseball majeur, à eux-mêmes!»

    «Québec et Trois-Rivières ont envoyé leur message à qui veut l’entendre. Ils peuvent se passer des Expos, mais pas de baseball.»

    Voilà!

    C'est la beauté du baseball qui finira par gagner (je l'espère).

    D'un nostalgique des Expos, fan des Capitales, qui connaît un peu le baseball, et l'aime beaucoup,
    Stéphane Picher

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  2. Merci pour votre commentaire.

    Gardez votre passion, et surtout, partagez-la.

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  3. wow. ca c'est toute une analyse. probablement que des gérants d'estrade trouverais qlq chose a contre dire, mais je trouve l'analyse plutot juste. merci de l'avoir partagé.

    eric rouleau

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  4. "Mais bon quand une vache à lait a de l’influence dans les médias, on a parfois droit à des commentaires et des analyses d’une intelligence douteuse."

    Voilà en une simple phrase ce qui résume le mieux le pourquoi du comment !

    Les médias ont dit que le baseball n'était plus bon, les québécois ont cru les médias et les médias ont arrêté de présenter du contenu intelligent de baseball.

    Faut pas non plus se leurrer les québécois en général sont moutons et lorsque les médias vont leurs dire que le baseball est redevenu "in", les foules vont accourir pour retourner au baseball !

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  5. Ce fut le commencement de la fin.

    Merci d'avoir partagé votre point de vue.

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