kogs

kogs

lundi 3 juin 2013

Majeures vs Mineures

Au fil des années, les ligues de sports professionnelles majeures sont parvenues à devenir les grands maîtres de leur sport respectif. Elles font même parti du patrimoine culturel d’un coté ou de l’autre de la frontière. Elles sont entrées dans l’histoire de nos deux nations comme des biens que l’ont doit préserver. C’est tellement vrai que l’on verrait mal, la LNH, la MLB, la NFL ou la NBA disparaître pour devenir la LCAH (Ligue Canado-Américaine de Hockey), la USABL (United States of America Baseball League), l’AAF (American Association of Football) et la CBA (Continental Basketball Association). Essayez d’imaginer, les mêmes villes, mais pas les mêmes noms d’équipes. Les Métropolitains de Montréal au hockey, les Firefighters de New York au baseball, les Cavaliers de Dallas au football et les Colonials de Boston au basketball? Je ne sais pas pour vous, mais je n y arrive pas.

Ces ligues sont entrées en nous sans trop qu’on sache comment, ni pourquoi. Vous et moi, aimons le baseball puisque nous sommes là. Mais, pourquoi sommes-nous si accrochés à la MLB, alors que pourtant, il y a des tas de ligues de baseball de bons calibres tout autour de nous? Car c’est bien le baseball qu’on aime, n’est-ce pas? Ce qui m’amène à aborder ce sujet aujourd’hui, c’est un récent article du magazine Forbes. Celui qui parlait d’une participation de 85 millions de dollars de la LNH dans le financement d’un groupe d’acheteurs (RSE) des Coyotes de Phoenix. J’ai sursauté devant mon écran!

Le Fatican

Si les chrétiens se rendent au Vatican pour assister aux grandes messes, les amateurs de sports, dont certains sont tout aussi chrétiens, ont aussi leur lieu sacré. Le Fatican! Oui! Le « fatiquant » (Lire fatiguant) circuit majeur dont on arrive plus à se passer. Ça nous arrive sournoisement. Nous finissons à force de lavage de cerveau à ne plus s’intéresser aux autres circuits. Ledit Fatican est tellement efficace, qu’on s’imagine que le reste n’a aucun intérêt.


Le terme « ligue mineur » a été inventé par les circuits majeurs. On signait les meilleurs joueurs d’autres ligues plus petites pour les amener dans la grande ligue. On ne parlait pas vraiment de club ferme à l’époque, jusqu’au jour, où les grands circuits professionnels ont décidé d’inonder le marché pour tuer la compétition. Tout ça, sous le couvert de la nécessité de créer des clubs écoles de niveau inférieur. Ainsi, même les amateurs de sport de villes plus petites finissaient par avoir un intérêt mitigé envers leur équipe locale, tout en s’y présentant quand même pour le plaisir. Quand vient le temps de vouloir aller au baseball, pour voir du « vrai » baseball, ils se déplaçaient vers les grands centres où il y avait des équipes. Il en est de même pour les autres sports. Quand les Expos avaient leur filiale AA à Québec, les Québécois se présentaient au stade pour voir les futurs joueurs des Expos, tout en passant une belle soirée en plein air. Mais quand ils voulaient voir du « gros » baseball, ils prenaient l’auto et se rendaient à Montréal, tout comme l’ont fait également les gens du Vermont, certains se rendant à Boston ou New York également.

Sournois

Ce qui est vrai pour le baseball l’est tout autant dans les autres sports. Mais restons dans notre passion. En employant le terme mineur pour ces ligues, le baseball majeur a ainsi créé un écart dans la tête des fans. « Ce baseball là, n’est pas du baseball majeur. Il n’est pas aussi bon,  pas aussi intéressant. » Ce terme laisse inconsciemment dans l’esprit une première impression de joueurs trop jeunes, pas encore développés, pas assez bons, incapables de jouer du « vrai, gros » baseball. Ça laisse une perception encore plus mauvaise vis-à-vis des circuits mineurs indépendants, dont les joueurs ne sont même pas assez bons pour le baseball mineur affilié. C’est bien ce que ça laisse comme impression, pas vrai? Et que dire, du fond de la poubelle du baseball, qu’est le baseball de la NCAA ou junior au Québec? Même pas encore rendu au stade de se développer. Ce n’est pas un hasard si le baseball est le sport qui attire le moins incluant le hockey dans la NCAA. Tout simplement parce qu’il y a plus de « mineurs » à franchir avant d’être considéré comme un vrai joueur dans une vraie ligue. Six niveaux affiliés de baseball mineurs. Au football si les stades sont pleins dans la NCAA, c’est qu’il n y a pas de ligues mineures affiliées. Au basketball, le système lui ressemble, bien qu’il y a aussi passablement de ligues indépendantes, et au hockey, après la LCH et la NCAA c’est la ligue Américaine ou directement la LNH, même s’il y a des circuits AA comme la ECHL où se sont surtout des joueurs de la LAH que l’on rétrograde pour faire de la place ou encore des agents libres que l’on signe pour y jouer. Dans les trois cas, il y a moins d’intermédiaire avant la grande ligue, et donc, plus de monde intéressé qui se présente dans les arénas et les stades.

Ce qu’il faut savoir, c’est qu’en fait, ce sont les ligues qui sont mineurs, pas les joueurs. Elles sont mineures parce qu’elles ne sont pas dans les grands centres urbains et sont  souvent concentrés dans des zones géographiques définies. Les joueurs sont souvent bien loin du « calibre » mineur qu’on leur colle à la peau. Il y a de très bons joueurs dans ces ligues, et le spectacle y est excellent.  Encore meilleur dans les circuits indépendants car on y joue pour gagner et non pour développer des joueurs.

Broche à foin ?

Le qualificatif de ligue de broche à foin colle aux ligues mineures. L’instabilité des concessions, les coups de marketings pas toujours très sérieux et la difficulté de s’identifier aux joueurs en raison des mouvements de personnels sont les principaux reproches que l’on fait à ces ligues. Tout ceci est vrai. Mais ce n’est pas exclusif aux circuits mineurs.

Charlie O Finley a voulu introduire des balles oranges dans le baseball majeur alors qu’il était propriétaire des A’s d’Oakland. Il a quand même laissé l’emploi du frappeur désigné au baseball. Il n y a pas si longtemps la LNH a étudié l’idée de changer la forme des buts, et on joue en prolongation à 4 contre 4. On a même accepté la fusillade. Une idée qui existe depuis longtemps dans les circuits mineurs indépendants. Règlement qui a contribué à leur qualificatif de broche à foin. En raison d’un personnel réduit à 22 joueurs dans le baseball indépendant, il est arrivé qu’un gérant doive jouer lors d’un match sur la route en attendant les renforts pris avec les délais d’autobus pour se pointer à temps. Mais Pete Rose a été joueur gérant toute une saison avec les Reds de Cincinnati. Avec l’autonomie, les joueurs ne restent guère plus longtemps avec leur équipe que dans les circuits indépendants. Geofrey Tomlinson et Eddie Lantigua ont passé autant de temps à Québec que Vladimir Guerrero à Montréal.

Quant au nombre d’équipes qui enlève supposément de la crédibilité aux titres remportés; Me diriez-vous que 75% des Coupes Stanley remportées par les Canadiens de Montréal alors qu’il n y avait que six équipes, n’étaient pas dignes de mention? Que les titres remportés avec huit équipes par ligue dans la MLB n’étaient pas non plus de vrais titres?  

Et voilà pourquoi


Pourquoi je vous parle de ça au juste? Parce que si la ligue CanAm ou une autre ligue de baseball indépendante, avait proposé de financer avec l’argent des autres propriétaires de garder une concession en vie, alors qu’on la sait non profitable, tout les qualificatifs vous seraient venus à l’esprit. Alors que dites vous maintenant de la LNH? Après ça, comment peut-on lever le nez sur les ligues professionnelles mineures? Souvenez-vous. Ce sont les ligues qui sont mineures, pas les joueurs. Parce qu’elles ne sont pas nationales, n’ont pas les mêmes budgets, et ne bénéficient pas d’une couverture médiatique d’envergure. C’est tout ce qu’il y a de différence. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire