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mardi 8 janvier 2013

Le cyclope de Montréal


Au risque de vous décevoir, cet article n’est pas consacré à une nouvelle équipe de baseball professionnel à Montréal. Je vous parle plutôt d’un joueur exceptionnel qui a passé inaperçu dans l’histoire du baseball au Québec et dans celle des Royaux.

Tom Sunkel a lancé dans les majeures avec les Cardinals de St-Louis en 1937 et 39. Il a aussi joué pour les Giants de New York de ’41 à ’43 et avec les Dodgers de Brooklyn en 1944. Il était parfois utilisé comme partant, mais aussi comme releveur. Sa fiche en carrière dans les majeures n’est pas reluisante. Il a remporté 9 victoires, subit 15 revers et sa moyenne de points mérités pour 220.1 manches était de 4.53.

Chez les Royaux, Sunkel a lancé lors de deux saisons. En 1943, il a montré un dossier de 2-3 avec 3.55 de MPM. Pendant que la guerre tirait à sa fin, il a connu du succès en 1944 avec une fiche de 11-7 et une MPM de seulement 2.79. Impressionnant? Le qualificatif n’existe pas pour décrire ce qu’a accompli Sunkel. Car s’il n’était pas avec les nôtres et les siens pour libérer l’Europe, c’est tout simplement qu’il ne voyait que d’un seul œil. Son œil gauche a été endommagé alors qu’il était enfant. En 1941, il ne voyait plus du tout de cet œil, lui qui lançait et frappait de la gauche.

Pour lancer tout comme pour aller au bâton, il penchait la tête pour ajuster sa vision. Ce qui ne l’a pas empêché chez les Royaux de 1944, de retirer pas moins de 86 frappeurs sur des prises en 142.0 manches. Mais pour bien saisir la difficulté, il a aussi donné 83 buts sur balles cette même saison. Toute sa carrière, il a éprouvé des problèmes de précision. Autant dans les mineures que dans les majeures.

On peut facilement présumer qu’il a dû se battre toute sa vie contre les préjugés. Il a certainement été confronté à ceux qui lui ont dit qu’il ne pourrait pas, ou pourrait jamais. Sa seule présence sur un monticule d’une équipe professionnel est un exploit peu commun. Il a fait encore mieux en parvenant à convaincre tout le monde qu’il avait le talent pour lancer dans le grand show.

Sunkel a peut-être vu Montréal que d’un seul œil, mais combien n’ont jamais mis les pieds sur un monticule avec des joueurs comme Gene Mauch, Duke Snider et Jean-Pierre Roy? Sunkel avait sans aucun doute une incroyable force de caractère. Il était sûrement doté d’une persévérance peu commune. Ces qualités qui font la différence entre les joueurs de tous les jours et les grands. Sunkel était de ceux-là dans l’oubli.  




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