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vendredi 16 mars 2012

Pour en finir (ou pas) avec les Yankees et les Red Sox


Lors de ma dernière intervention sur Edition Sport avec le confrère Mark Dickey, nous avons abordés le sujet de l’inégalité ou la non-inégalité de la compétition dans le baseball majeur. Je vais donc tenter encore une fois, d’en finir avec le mythe qui veut que les équipes plus riches s’approprient un avantage en signant les meilleurs joueurs disponibles sur le marché des joueurs autonomes. Mythe qui est beaucoup en lien avec les acquisitions faites par les Yankees de New York et les Red Sox de Boston.

Contre vent et marée, je suis un grand défenseur du système actuel et contre le plafond salarial adopté par d’autres ligues majeures. Les moyens n’étant pas les mêmes, je suis toutefois pour ce système dans les ligues indépendantes, peu importe le sport.

Comment défendre ce système

Il faut au départ, prendre le temps de se rendre compte que dans la NFL, ligue qui a adopté le plafond salalrial, les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, sont allés pas moins de cinq fois au Super Bowl dans la dernière décennie. Aucune équipe du baseball majeur en a fait autant à la Série Mondiale. Au deuxième rang, les Steelers de Pittsburgh ont atteint le match ultime de la NFL trois fois, ce qui est équivalent à la meilleure performance dans la MLB, qui est détenu par les Card’s de St-Louis. Il y a eu 8 champions différents depuis 10 ans dans les majeures contre 7 dans la NFL. C’est pire dans la NBA alors que 6 champions se sont échangés le titre durant la même période. Deux équipes ont remporté trois fois le titre dans les derniers 10 ans pour un total de seulement 9 finalistes différents contre 13 au baseball majeur. Dans la LNH, on a le plafond salarial que depuis 2005-2006, mais déjà deux équipes sont allées deux fois à la finale de la Coupe Stanley.

Le plafond salarial ne change rien. Il donne une fausse impression de parité en raison d’un classement plus serré où tout le monde peut battre tout le monde. Mais c’est déjà le cas au baseball puisque ce n’est pas le même sport. Tu joues des séries de 3 ou 4 matchs, et ce n’est pas le même lanceur partant chaque soir, ce qui a une influence marquante sur le résultat. Au hockey par exemple, on a dilué le produit. Il n’y a plus de ces véritables équipes dominantes qui s’affrontent dans des duels qu’on anticipe avec impatience. Ce qui existe encore au baseball. Il n y a plus non plus de ces fameuses « vraies » surprises parce que justement tout le monde peut battre tout le monde. Ces matchs où on suivait l’équipe minable quelques matchs suivant une victoire inattendue juste par curiosité. Au baseball, vous vous souvenez de l’incroyable mois de septembre des Rockies du Colorodo en route vers une participation à la Série Mondiale? Des Card’s de St-Louis à 8.5 matchs du meilleur deuxième au 12 août avant d’aller remporter le titre l’an dernier? Des Marlins de la Floride (Miami) qui ont défait les Yankees en 2003? Des Rays de Tampa Bay qui supplantent les Red Sox de Boston pour se rendre à la série finale? De ces incroyables duels entre les Red Sox et les Yankees en séries ou pour une place lors de celles-ci? Des matchs entre les Mets et les Phillies, deux équipes solides qui bataillaient pour le premier rang dans l’Est de la Nationale? Où sont passés ces matchs avec de l’intérêt et ses moments inoubliables au hockey? Quelque part perdus dans les dédales du plafond salarial.

N’oubliez pas non plus qu’il est pourtant encore plus difficile de faire les séries au baseball que dans les trois autres circuits majeures. Avec seulement huit participants (En 2012, il y en aura 10). Alors comment peut-on avoir plus de diversité chez les prétendants au titre au baseball alors que les meilleurs devraient être toujours les mêmes en s’achetant des joueurs? Elle est là la VRAIE parité. Toute la clé est également dans le non-plafond salarial. Les bonnes organisations auront du succès, les mauvaises piétineront jusqu’à ce qu’on fasse le ménage. Le plafond salarial le confirme d’ailleurs. Sinon comment les Patriots y parviendraient si tout n’était qu’une question d’argent alors que tout le monde jouent avec des masses salariales sensiblement identiques?

Les légendes urbaines 

Les seuls qui profitent d’un plafond salarial, ce sont les propriétaires qui empochent plus de dollars. Les propriétaires du baseball majeur ne sont pas pauvres, certains sont au pire moins riches. Il est vrai que les revenus ne sont pas les mêmes partout dans la MLB. Ce qui n’empêche personne pour autant d’investir sur les agents libres. Les Mets de New York sont riches, ils ont dépensé beaucoup, tout comme les Tigers de Detroit, sans trop de succès. De mauvais choix ont été faits. Si les Yankees et les Red Sox ont connu de bonnes saisons et remporté le titre, c’est en raison de choix judicieux. Déjà, les deux équipes commencent à se ressentir de ces années de dépenses sur des contrats à long terme dont ils doivent supporter le déclin des joueurs qu’ils ont du mal à se départir, sans devoir payer une large part du salaire.

Auparavant, les équipes gardaient les joueurs qui allaient devenir autonomes dans l’espoir de les re-signer. Les agents et les joueurs laissaient miroiter la possibilité de le faire dans le jeu des négociations. Finalement on perdait le joueur au profit d’une équipe qui décidait d’allonger une offre mirobolante. Maintenant, les DG le savent et ne sont pas dupes. Ils échangent le joueur vedette en retour de solides prospects avant que celui-ci ne devienne autonome. Le baseball étant ce qu’il est, les joueurs vont évoluer une saison au AA ou au AAA avant d’arriver aux majeures. Au hockey, on n’échangerait pas un joueur vedette pour un joueur de la Ligue Américaine. Les futurs joueurs vedettes ou excellents joueurs ne sont pas dans ce circuit mais passent directement du junior à la LNH. Le développement des joueurs n’est pas le même qu’au baseball. Ainsi l’amateur qui voit une équipe échanger un joueur clé contre des prospects au baseball croit que c’est inéquitable. Il se réveille deux ou trois ans plus tard en se demandant comment il se fait que l’équipe qu’il croyait s’être fait avoir se retrouve de nouveau prétendant à une place en séries. Il se demande même d’où sortent ces nouveaux joueurs qui terrorisent les adversaires. Ce sont pourtant, ceux qu’ils avaient acquis dans cette fameuse transaction où il ne s’est pas donné la peine de vérifier ce que cette équipe avait obtenu en retour par dégoût. C’était une décision calculée dans les bureaux de l’organisation. C’est de cette façon qu’on fonctionne maintenant. Les prospects changent d’organisation. Les Phillies de Philadelphie ont obtenu Philippe Aumont de cette façon. Oui, même les équipes qui dépensent ont compris et adoptent la formule.

Les Card’s de St-Louis ne sont pas pauvres. Ils ont pourtant vu Albert Pujols quitter. Les Cubs de Chicago non plus ne sont pas pauvres, ni les Dodgers de Los Angeles. Pourquoi alors n’ont-ils pas plus de succès? On a tout simplement mal évalué nos décisions. Exactement le contraire des Rays, des Marlins, des Rangers, des Indians, des Diamondbacks, des Reds et des Blue Jays. Laissons donc la loi du marché faire son œuvre.      


Si vous trouvez que la MLB est moins intéressante parce que les joueurs changent beaucoup et ne demeurent pas avec leur équipe, jetez donc un œil à ceux de la LNH. D’une saison à l’autre on ne s’y retrouve plus. Les salaires n’ont pas changé non plus. Les joueurs vedettes gagnent encore de grosses sommes, ce sont les autres qui gagnent moins qu’avant. D’ailleurs, la ligue la plus BS du sport, se permet de payer des joueurs à la moitié du salaire des 5 plus gros salariés du baseball majeur avec cinq fois moins de revenus. Et ça avec un plafond salarial.

Vous êtes convaincus? Non, je sais. Le mythe demeure. De toute façon, si ce n’est pas vous, ça sera un autre et encore un autre ensuite. Je ne vais donc jamais en finir. Mais aller contre vent et marré, j’adore! Tant pis pour vous. Je serai encore dans vos jambes comme cette poussière dans l’œil dont on n’arrive pas à se défaire. 

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