Lors de ma dernière intervention sur Edition
Sport avec le confrère Mark Dickey, nous avons abordés le sujet de l’inégalité
ou la non-inégalité de la compétition dans le baseball majeur. Je vais donc tenter
encore une fois, d’en finir avec le mythe qui veut que les équipes plus riches
s’approprient un avantage en signant les meilleurs joueurs disponibles sur le
marché des joueurs autonomes. Mythe qui est beaucoup en lien avec les
acquisitions faites par les Yankees de New York et les Red Sox de Boston.
Contre vent et marée, je suis un grand
défenseur du système actuel et contre le plafond salarial adopté par d’autres
ligues majeures. Les moyens n’étant pas les mêmes, je suis toutefois pour ce
système dans les ligues indépendantes, peu importe le sport.
Comment défendre ce système
Il faut au départ, prendre le temps de se
rendre compte que dans la NFL ,
ligue qui a adopté le plafond salalrial, les Patriots de la Nouvelle-Angleterre ,
sont allés pas moins de cinq fois au Super Bowl dans la dernière décennie.
Aucune équipe du baseball majeur en a fait autant à la Série Mondiale. Au deuxième
rang, les Steelers de Pittsburgh ont atteint le match ultime de la NFL trois fois, ce qui est
équivalent à la meilleure performance dans la MLB , qui est détenu par les Card’s de St-Louis.
Il y a eu 8 champions différents depuis 10 ans dans les majeures contre 7 dans la NFL. C ’est pire dans la NBA alors que 6 champions se
sont échangés le titre durant la même période. Deux équipes ont remporté trois
fois le titre dans les derniers 10 ans pour un total de seulement 9 finalistes
différents contre 13 au baseball majeur. Dans la LNH , on a le plafond salarial que depuis
2005-2006, mais déjà deux équipes sont allées deux fois à la finale de la Coupe Stanley.
Le plafond salarial ne change rien. Il donne
une fausse impression de parité en raison d’un classement plus serré où tout le
monde peut battre tout le monde. Mais c’est déjà le cas au baseball puisque ce
n’est pas le même sport. Tu joues des séries de 3 ou 4 matchs, et ce n’est pas
le même lanceur partant chaque soir, ce qui a une influence marquante sur le
résultat. Au hockey par exemple, on a dilué le produit. Il n’y a plus de ces
véritables équipes dominantes qui s’affrontent dans des duels qu’on anticipe
avec impatience. Ce qui existe encore au baseball. Il n y a plus non plus de
ces fameuses « vraies » surprises parce que justement tout le monde
peut battre tout le monde. Ces matchs où on suivait l’équipe minable quelques
matchs suivant une victoire inattendue juste par curiosité. Au baseball, vous
vous souvenez de l’incroyable mois de septembre des Rockies du Colorodo en
route vers une participation à la Série
Mondiale ? Des Card’s de St-Louis à 8.5 matchs du meilleur deuxième
au 12 août avant d’aller remporter le titre l’an dernier? Des Marlins de la Floride (Miami) qui ont
défait les Yankees en 2003? Des Rays de Tampa Bay qui supplantent les Red Sox
de Boston pour se rendre à la série finale? De ces incroyables duels entre les
Red Sox et les Yankees en séries ou pour une place lors de celles-ci? Des
matchs entre les Mets et les Phillies, deux équipes solides qui bataillaient
pour le premier rang dans l’Est de la Nationale ? Où sont passés ces matchs avec de
l’intérêt et ses moments inoubliables au hockey? Quelque part perdus dans les
dédales du plafond salarial.
N’oubliez pas non plus qu’il est pourtant
encore plus difficile de faire les séries au baseball que dans les trois autres
circuits majeures. Avec seulement huit participants (En 2012, il y en aura 10).
Alors comment peut-on avoir plus de diversité chez les prétendants au titre au
baseball alors que les meilleurs devraient être toujours les mêmes en
s’achetant des joueurs? Elle est là la
VRAIE parité. Toute la clé est également dans le non-plafond
salarial. Les bonnes organisations auront du succès, les mauvaises piétineront
jusqu’à ce qu’on fasse le ménage. Le plafond salarial le confirme d’ailleurs.
Sinon comment les Patriots y parviendraient si tout n’était qu’une question
d’argent alors que tout le monde jouent avec des masses salariales sensiblement
identiques?
Les légendes urbaines
Les seuls qui profitent d’un plafond salarial,
ce sont les propriétaires qui empochent plus de dollars. Les propriétaires du baseball
majeur ne sont pas pauvres, certains sont au pire moins riches. Il est vrai que
les revenus ne sont pas les mêmes partout dans la
MLB. Ce qui n’empêche personne pour autant
d’investir sur les agents libres. Les Mets de New York sont riches, ils ont
dépensé beaucoup, tout comme les Tigers de Detroit, sans trop de succès. De
mauvais choix ont été faits. Si les Yankees et les Red Sox ont connu de bonnes
saisons et remporté le titre, c’est en raison de choix judicieux. Déjà, les
deux équipes commencent à se ressentir de ces années de dépenses sur des
contrats à long terme dont ils doivent supporter le déclin des joueurs qu’ils
ont du mal à se départir, sans devoir payer une large part du salaire.
Auparavant, les équipes gardaient les joueurs
qui allaient devenir autonomes dans l’espoir de les re-signer. Les agents et
les joueurs laissaient miroiter la possibilité de le faire dans le jeu des
négociations. Finalement on perdait le joueur au profit d’une équipe qui
décidait d’allonger une offre mirobolante. Maintenant, les DG le savent et ne
sont pas dupes. Ils échangent le joueur vedette en retour de solides prospects
avant que celui-ci ne devienne autonome. Le baseball étant ce qu’il est, les
joueurs vont évoluer une saison au AA ou au AAA avant d’arriver aux majeures.
Au hockey, on n’échangerait pas un joueur vedette pour un joueur de la Ligue Américaine.
Les futurs joueurs vedettes ou excellents joueurs ne sont pas dans ce circuit
mais passent directement du junior à la LNH. Le développement des joueurs n’est pas le
même qu’au baseball. Ainsi l’amateur qui voit une équipe échanger un joueur clé
contre des prospects au baseball croit que c’est inéquitable. Il se réveille
deux ou trois ans plus tard en se demandant comment il se fait que l’équipe
qu’il croyait s’être fait avoir se retrouve de nouveau prétendant à une place
en séries. Il se demande même d’où sortent ces nouveaux joueurs qui terrorisent
les adversaires. Ce sont pourtant, ceux qu’ils avaient acquis dans cette
fameuse transaction où il ne s’est pas donné la peine de vérifier ce que cette
équipe avait obtenu en retour par dégoût. C’était une décision calculée dans
les bureaux de l’organisation. C’est de cette façon qu’on fonctionne
maintenant. Les prospects changent d’organisation. Les Phillies de Philadelphie
ont obtenu Philippe Aumont de cette façon. Oui, même les équipes qui dépensent
ont compris et adoptent la formule.
Les Card’s de St-Louis ne sont pas pauvres. Ils
ont pourtant vu Albert Pujols quitter. Les Cubs de Chicago non plus ne sont pas
pauvres, ni les Dodgers de Los Angeles. Pourquoi alors n’ont-ils pas plus de
succès? On a tout simplement mal évalué nos décisions. Exactement le contraire
des Rays, des Marlins, des Rangers, des Indians, des Diamondbacks, des Reds et
des Blue Jays. Laissons donc la loi du marché faire son œuvre.
Si vous trouvez que la MLB est moins intéressante
parce que les joueurs changent beaucoup et ne demeurent pas avec leur équipe,
jetez donc un œil à ceux de la
LNH. D ’une saison à l’autre on ne s’y retrouve plus. Les
salaires n’ont pas changé non plus. Les joueurs vedettes gagnent encore de
grosses sommes, ce sont les autres qui gagnent moins qu’avant. D’ailleurs, la
ligue la plus BS du sport, se permet de payer des joueurs à la moitié du
salaire des 5 plus gros salariés du baseball majeur avec cinq fois moins de
revenus. Et ça avec un plafond salarial.
Vous êtes convaincus? Non, je sais. Le mythe
demeure. De toute façon, si ce n’est pas vous, ça sera un autre et encore un
autre ensuite. Je ne vais donc jamais en finir. Mais aller contre vent et
marré, j’adore! Tant pis pour vous. Je serai encore dans vos jambes comme cette
poussière dans l’œil dont on n’arrive pas à se défaire.
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