Dès les premiers jours du printemps, il était
prévisible qu’on allait assister à une saison hors du commun. Quelques facteurs
contribuaient à cette prévision; Des équipes usées par de nombreux contrats à
long terme dont on supportait le déclin de ses joueurs, combinées à de jeunes
formations en pleine ascension. On tenait également compte de l’ajout d’une
équipe supplémentaire comme « Wild Card. » Cette prévision n’a pas
raté. Nous avons eu droit à une saison complètement folle. Des équipes dont la
présence en séries était inimaginable sont parvenues en terre promise. Ce fut
également une saison historique sur le plan des performances individuelles.
L’ensemble de la saison fut à nouveau un succès
aux guichets, et au niveau de l’intérêt général des amateurs à travers
l’Amérique, et même le monde. Cependant, ce ne fut pas le cas en séries. Les
cotes d’écoute des réseaux de télé, ont atteint un plancher historique. Comment
expliquer ce phénomène après une saison aussi chargée de grands moments?
Plus d’équipes moins
d’intérêt
Ça peut paraitre paradoxal, mais plus d’équipe
en séries, ça rend les séries éliminatoires plus locales. Par exemple, les gens
de Detroit, New York, Baltimore, San Francisco, Atlanta ou St-Louis, vont
indéniablement être entrainés dans un enthousiasme collectif. Mais pour les
autres, où est l’intérêt envers ces équipes, alors que plusieurs d’entre elles
ont tiré le diable par la queue un long moment durant la dernière campagne? Qu’est-ce
qui pouvait bien attirer un amateur de baseball de Chicago, Los Angeles ou de
Kansas City lors des dernières séries? À l’exception de jeter un œil détaché, tout
juste pour savoir qui allait gagner, rien de rien.
Au temps des quatre divisions, et de quatre
champions en séries, on avait devant soi, les meilleures équipes du baseball.
C’était indéniable. Terminer les premiers, ça voulait dire quelque chose. Un
titre de division, c’était déjà un exploit glorieux. Les joueurs et les
partisans avaient raison de festoyer. Aujourd’hui on sort le champagne à toutes
les occasions; Quand tu remportes le titre de division, le match de « wild
card », la série de division, la série de championnat et la Série Mondiale. Les joueurs ont
de quoi se saouler ou de nous saouler. Les voir fêter quand ils n’ont encore
rien gagné, ça me fait faire de l’urticaire. Aujourd’hui, on devrait sortir le
champagne quand t’es champion de ta ligue ou de la Série Mondiale.
Moins de domination
plus d’excitation
Auparavant, pour finir premier, une équipe
devait dominer. C’est ainsi qu’on se retrouvait avec des équipes qui frôlaient la
perfection. Un monticule dominant, une attaque dévastatrice, une défensive
solide et un mental d’acier. Les quatre équipes étaient comme ça. Même si votre
équipe n’était pas en séries, vous vouliez voir qui allait sortir vainqueur.
Les amateurs anticipaient ces affrontement, ils avaient hâte de voir. Chaque
match était un événement.
Pour vous situer, vous avez entendu parler, ou
vu, la Big Red
Machine des Reds, les A’s d’Oakland de Rollie Fingers et « Catfish »,
les Yankees de Reggie Jackson, les Dodgers de Steve Garvey, les Royals de
George Brett, les Red Sox de Carlton Fisk, les Pirates de Dave Parker et Willie
Stargell, les Phillies de Mike Schmidt et Steve Carlton, les Miracle Mets, etc.
Ces équipes sont passées à l’histoire. Elles ont marqué une époque, et
l’imaginaire collectif. Aucune des équipes qui ont remporté le titre dans les
10 dernières années ne le fera. Même que plusieurs d’entre elles n’auraient jamais
fait les séries autrefois, ou si on était resté avec le même système à quatre
divisions et autant de champions. C’est tout à fait logique. Les organisations
savent maintenant qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une équipe en béton pour
faire les séries. Une très bonne équipe suffit. C’est aussi pourquoi, on voit plus
de mouvement à la date limite des transactions. On regarde les choses allées,
et s’il manque un morceau ou deux pour faire les séries, on essaie d’aller le
chercher en cours de route. Ensuite on prépare son équipe en fonction de jouer
son meilleur baseball au moment opportun.
Le baseball majeur, cherche donc à favoriser la
saison. On essaie d’accrocher les amateurs plus longtemps. Ce qui est réussi,
mais une fois en séries, l’intérêt devient ainsi local. Ça donne aussi les
résultats qu’on connaît depuis plusieurs saisons. La meilleure équipe ne gagne
pas le titre 3 fois sur 4, mais plutôt l’équipe qui a le momentum. Le baseball
étant un sport de rythme où, les hauts et les bas sont nombreux, il suffit
d’être en état de grâce au bon moment, et le tour est joué. Ça non plus, ce
n’était pas suffisant auparavant. D’abord parce que le momentum pouvait changer
rapidement avec quatre équipes aussi puissantes qu’elles l’étaient. Personne
n’avait de marge d’erreur.
Est-ce plus mal pour autant? Pas du tout!
L’intérêt sur tout l’ensemble de la campagne, incluant les séries, n’y est que
plus important de façon générale. Il faut encore avoir une très bonne équipe
pour l’emporter. Le marathon de la saison devient plus excitant, et les séries
sont devenues un 400
mètres au lieu d’un sprint de 100 mètres.
Encore le meilleur
système
Comme on peut le constater dans les coulisses
de la LNH qui a
un plafond salarial, on commence à se demander, si ce n’était pas une erreur.
Les équipes dites riches du baseball majeur, commencent à penser changer leur
façon de faire. Boston et New York, ceux qu’on pointe du doigt, vont diminuer
leur masse salariale l’an prochain. Ces deux équipes avec autant d’argent
dépensé dans les 10 dernières années, n’ont que 3 titres à leurs deux durant
cette période. Il n y a pas de dynastie qui s’est forgée à coups de millions.
Ce sont les bonnes organisations qui gagneront toujours, pas nécessaiement les
plus riches. C’est comme ça d’aussi loin qu’on se souvienne.
Les Cards de St-Louis avaient les moyens de
garder Albert Pujols. Ce n’est quand même pas une concession misérable. Les
Brewers de Milwaukee avaient les moyens de garder Prince Fielder. Vous en
doutez? Ils ont donné 11 millions à Rickie Weeks en plus de ce qu’ils donnaient
déjà à Fielder. Ce n’est qu’une question de philosophie. On a eu les meilleures
saisons de ces joueurs, et on ne tient pas à payer le déclin de ceux-ci dans
trois ou quatre ans avec des contrats à long terme. C’est tout! Ça aussi, c’est
excellent pour la parité. Le bon système des séries, et un marché ouvert,
finira par donner ce qu’il y a de mieux comme compétition. Pendant ce temps,
les autres circuits professionnels nous offrent des équipes bas de gamme qui se
ressemblent toutes. Au baseball majeur que l’intérêt diminue en séries sur le
plan national ou international, ce n’est vraiment pas un drame. Et ça aussi ça
reviendra, quand les organisations se seront ajustées aux nouvelles réalités.
Déjà lorsque les gros marchés reviendront avec des équipes plus compétitives, sans
pour autant se déculotter, ça sera meilleur pour la télé. Tout ça, sans avoir niveler le niveau de la
compétition vers le bas.