Dans un sport où vous êtes bon quand vous
réussissez trois fois sur dix, être le plus mauvais parmi les plus mauvais dans
un historique des moins pires, à de quoi piquer notre curiosité. D’abord parce
que pour être décoré du titre de champion de la médiocrité, il faut vraiment se
surpasser dans un sport où la moyenne collective, place la note de passage
autour de 25%. L’exploit, c’est d’être pitoyablement constant.
Le plus mauvais de
tous
Il se trouve qu’un joueur dans l’histoire mérite
toute notre attention, en étant plus mauvais que les autres. John Gochnaur. Si
vous avez entendu parler de lui, ce n’est certainement pas pour ses
exploits…quoi qu’en y pensant bien, il s’agit bien d’exploits. En 1901, il
s’aligne pour trois matchs avec les Superbas de Brooklyn. Son début est
prometteur avec une moyenne de .364 et une moyenne de présences sur les buts de
.417. Il produit même deux points. Défensivement, il fut parfait! Il aurait
d’ailleurs dû songer prendre sa retraite à la fin de cette saison 1901. On n’aurait
jamais plus parlé de lui.
C’est en 1902 que les choses se gâtent. À 26
ans, Gochnaur passe de Brooklyn dans la ligue Nationale, aux Bronchos de
Cleveland de la ligue Américaine. Et le désastre commence. Alors que la moyenne
collective des siens fut de .289, Gochnaur frappait pour un microscopique .185,
il a maintenu une moyenne de présences sur les buts de .247 et il produisait 37
points sans frapper de circuit. Jusqu’à présent, vous me direz que c’est
mauvais, mais qu’il n y a rien d’exceptionnel. Sauf que je ne vous ai pas
encore dit que Gochnaur évoluait à l’arrêt-court. Avec son gant de béton, il a
commis pas moins de 48 erreurs, dont 5 dans un programme double. Il trouva le
moyen de se surpasser la saison suivante.
Pire que pire
Il reste donc à Cleveland pour la campagne de
1903, mais cette fois, l’équipe s’appelle les Naps. Sous les ordres du même
gérant, Mark Armour qui l’appréciait probablement assez pour le ramener,
Goochnaur joue 134 matchs, il frappa encore pour .185, il a obtenu une moyenne
de présences sur les buts de .265 et il produisait 48 points, toujours sans
circuit. Gochnaur en met plein la vue avec ses « prouesses »
défensives. Il a cafouillé comme encore personne ne l’a jamais fait dans
l’histoire. Il fait deux fois « mieux » que la saison précédente. Il
est débité de 98 erreurs! Son pourcentage d’efficacité en défensive fut de .869
pour cette dernière saison. Il ne jouera plus dans les majeures ensuite. Mais
il se dénichera un emploi comme joueur dans la Pacific Coast League, où il
jouera quatre saisons, et cumulera une moyenne de .197 sans qu’on en sache plus
sur ses statistiques défensives.
Marquer le baseball à
jamais
Mais Gochnaur détient quand même une marque
positive dans l’histoire. Sa saison 1903 n’entre pas seulement dans l’histoire
pour son nombre d’erreurs, mais aussi pour être le joueur ayant le plus de
points produits en une saison avec une moyenne sous les .200.
Fait intéressant, lors de ses deux saisons à
Cleveland, il formait la combinaison double-jeu avec nul autre que Napoléon
Lajoie.
John Gochnaur est peut-être le plus mauvais
joueur de l’histoire du baseball majeur, mais il était sans aucun doute un
grand passionné de ce sport. Il a non seulement joué quatre autres saisons
ensuite dans la Pacific Coast
League, mais lorsqu’il se retira, il devint arbitre jusqu’à son décès en 1929.
En ce mois de novembre 2012, plus d’un siècle
plus tard, je vous parle de lui. Combien d’entre-nous aurions aimé être à sa
place sur un terrain du baseball majeur? Combien y sont passés et sont tombés
dans l’oubli? John Gochnaur est là pour nous rappeler que ce sport est
magnifique, et joué par des hommes et des femmes passionnés. Grâce à lui on se
souviendra de tous ceux qui n’ont jamais eu l’occasion d’être assez bons ou
assez mauvais pour marquer l’histoire.
Chapeau, Monsieur Gochnaur!
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