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jeudi 21 mars 2013

Le représentant de Dieu


"Honest"John Gaffney
L’histoire du baseball est marquée par les exploits de ses idoles. Babe Ruth, Ty Cobb, Joe Dimaggio, Ted Williams, Mickey Mantle, Roger Maris, Sandy Koufax, Wille Mays, Johnny Bench, Pete Rose, Reggie Jackson, Nolan Ryan et combien d’autres noms qui se sont inscrits dans la légende. Pour que ce sport existe, il a fallu des pionniers. L’un d’eux, n’apparaitra jamais dans la liste des grands du baseball. Pourtant, sans lui, les autres n’auraient probablement jamais existés. John Gaffney, le « roi des arbitres.»

Aussi surnommé « Honest John », Gaffney a fait ses débuts en 1884 dans la ligue Nationale de Baseball. Reconnu comme le meilleur pour juger les balles et les prises, sa connaissance du jeu l’ont même conduit à diriger les Nationals de Washington (Oui, les Nationals.), où il a eu sous ses ordres, nul autre que Connie Mack.

À l’époque, il n y avait qu’un seul officiel sur le terrain, positionné derrière le lanceur. Gaffney fut l’un des premiers à arbitrer derrière le marbre pour juger les balles et les prises. En 1887, lors de la World Championship Series entre les Browns de St Louis de l’Association Américaine et les White Stocking de Chicago de la Ligue Nationale, Gaffney fut utilisé avec un confrère du circuit opposé, John Kelly. Les deux hommes ont mis en place un système où l’un d’eux allait juger les balles et les prises derrière le marbre, et l’autre, allait prendre les décisions sur les buts. Ce n’est qu’en 1910 que ce système est devenu la norme. Gaffney innova également lorsqu’il arbitrait seul, en changeant de position de derrière le receveur, à derrière le lanceur quand un coureur se rendait au premier but. À cette époque tout était à faire. Il fut aussi le premier à déclarer une balle fausse à sa sortie de la clôture, et non à l’endroit où la balle atterrissait. À la fin de chaque saison, il faisait ses recommandations à la ligue pour apporter des ajustements aux règles. Plusieurs de ses suggestions ont été retenues par la ligue Nationale.

Connie Mack l’a décrit comme étant l’officiel parfait. Ce dernier l’a non seulement eu comme gérant, mais aussi derrière et devant lui comme arbitre plus tard dans sa carrière. Gaffney était respecté de tous les joueurs. Un jour, il raconta au Sporting News qu’il essayait toujours de rester calme et de traiter les joueurs avec le plus grand respect, même dans leur colère. « Dans toute ma carrière, je n’ai pas donné plus de 300.00$ d’amende. Parler avec respect aux joueurs en pleine passion, fonctionne beaucoup mieux que les amendes. » Une parole de sage dans un sport naissant qui avait besoin d’hommes en contrôle.

Aujourd’hui, on ne pourrait plus retourner en arrière et revoir les officiels tentés de juger des tirs de derrière le lanceur. La balle est devenue trop vivante. Les balles cassantes et les glissantes seraient injugeables adéquatement de cet endroit. Il fallait être assez « gorlo » pour oser se positionner derrière le receveur sans plastron et sans masque avec tous les risques que cela comporte. Il fallait surtout être fortement motivé à faire son travail du mieux qu’il pouvait pour rendre la meilleure décision que possible. C’est à lui que revenait de trancher tous les litiges.

Gaffney est décédé à New York à l’âge de 58 ans, sans le sous. Il fut remercié pour ses services deux fois en raison d’une consommation d’alcool devenue excessive au fil des années. Connie Mack organisa un match entre les Athlétiques de Philadelphie et les Red Sox de Boston dans le but de ramasser des fonds pour ériger un monument au-dessus de sa pierre tombale. Il est intronisé au Temple de la Renommé dans le « Honnor Roll. »

John Gaffney n’était pas qu’un simple arbitre. D’ailleurs, il n’existe pas de simple arbitre. Ces hommes en noir et en bleu font partie de ce jeu magnifique. Ils pratiquent l’art de la décision avec la même passion que les joueurs et la même humanité. Si le baseball est ce qu’il est devenu aujourd’hui, il a fallu des hommes comme John Gaffney dont l’intégrité n’était pas à mettre en doute. C’est probablement à lui qu’on doit le mot « impartialité.» Il fallait quelqu’un pour accepter de ne jamais gagner. D’être là à son poste pour que le match  soit joué et jouable. Être le plus honnête de tous pour que les amateurs dans les gradins puissent croire en ces premières ligues naissantes qu’ils avaient sous les yeux; Et accepter en solitaire de subir les critiques et les insultes des joueurs et partisans hostiles. Gaffney n’était pas le premier à s’exposer. Il fut cependant, celui qui a donné la notoriété à ce métier. « L’Honnête » John, représentait la justice sur le terrain. Mieux, il représentait Dieu parmi les dieux. Il a tout simplement recréé le baseball.    

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