Au fil des années, les ligues de sports
professionnelles majeures sont parvenues à devenir les grands maîtres de leur
sport respectif. Elles font même parti du patrimoine culturel d’un coté ou de
l’autre de la frontière. Elles sont entrées dans l’histoire de nos deux nations
comme des biens que l’ont doit préserver. C’est tellement vrai que l’on verrait
mal, la LNH , la MLB , la NFL ou la NBA disparaître pour devenir la LCAH (Ligue Canado-Américaine
de Hockey), la USABL
(United States of America Baseball League), l’AAF (American Association of
Football) et la CBA
(Continental Basketball Association). Essayez d’imaginer, les mêmes villes,
mais pas les mêmes noms d’équipes. Les Métropolitains de Montréal au hockey,
les Firefighters de New York au baseball, les Cavaliers de Dallas au football
et les Colonials de Boston au basketball? Je ne sais pas pour vous, mais je n y
arrive pas.
Ces ligues sont entrées en nous sans trop qu’on
sache comment, ni pourquoi. Vous et moi, aimons le baseball puisque nous sommes
là. Mais, pourquoi sommes-nous si accrochés à la MLB , alors que pourtant, il y a des tas de ligues
de baseball de bons calibres tout autour de nous? Car c’est bien le baseball
qu’on aime, n’est-ce pas? Ce qui m’amène à aborder ce sujet aujourd’hui, c’est
un récent article du magazine Forbes. Celui qui parlait d’une participation de
85 millions de dollars de la LNH
dans le financement d’un groupe d’acheteurs (RSE) des Coyotes de Phoenix. J’ai
sursauté devant mon écran!
Le Fatican
Si les chrétiens se rendent au Vatican pour
assister aux grandes messes, les amateurs de sports, dont certains sont tout
aussi chrétiens, ont aussi leur lieu sacré. Le Fatican! Oui! Le
« fatiquant » (Lire fatiguant) circuit majeur dont on arrive plus à
se passer. Ça nous arrive sournoisement. Nous finissons à force de lavage de
cerveau à ne plus s’intéresser aux autres circuits. Ledit Fatican est tellement
efficace, qu’on s’imagine que le reste n’a aucun intérêt.
Le terme « ligue mineur » a été
inventé par les circuits majeurs. On signait les meilleurs joueurs d’autres
ligues plus petites pour les amener dans la grande ligue. On ne parlait pas
vraiment de club ferme à l’époque, jusqu’au jour, où les grands circuits
professionnels ont décidé d’inonder le marché pour tuer la compétition. Tout
ça, sous le couvert de la nécessité de créer des clubs écoles de niveau
inférieur. Ainsi, même les amateurs de sport de villes plus petites finissaient
par avoir un intérêt mitigé envers leur équipe locale, tout en s’y présentant
quand même pour le plaisir. Quand vient le temps de vouloir aller au baseball,
pour voir du « vrai » baseball, ils se déplaçaient vers les grands
centres où il y avait des équipes. Il en est de même pour les autres sports. Quand
les Expos avaient leur filiale AA à Québec, les Québécois se présentaient au
stade pour voir les futurs joueurs des Expos, tout en passant une belle soirée
en plein air. Mais quand ils voulaient voir du « gros » baseball, ils
prenaient l’auto et se rendaient à Montréal, tout comme l’ont fait également
les gens du Vermont, certains se rendant à Boston ou New York également.
Sournois
Ce qui est vrai pour le baseball l’est tout
autant dans les autres sports. Mais restons dans notre passion. En employant le
terme mineur pour ces ligues, le baseball majeur a ainsi créé un écart dans la
tête des fans. « Ce baseball là, n’est pas du baseball majeur. Il n’est
pas aussi bon, pas aussi
intéressant. » Ce terme laisse inconsciemment dans l’esprit une première
impression de joueurs trop jeunes, pas encore développés, pas assez bons,
incapables de jouer du « vrai, gros » baseball. Ça laisse une
perception encore plus mauvaise vis-à-vis des circuits mineurs indépendants,
dont les joueurs ne sont même pas assez bons pour le baseball mineur affilié.
C’est bien ce que ça laisse comme impression, pas vrai? Et que dire, du fond de
la poubelle du baseball, qu’est le baseball de la NCAA ou junior au Québec?
Même pas encore rendu au stade de se développer. Ce n’est pas un hasard si le
baseball est le sport qui attire le moins incluant le hockey dans la
NCAA. Tout simplement parce qu’il y a plus
de « mineurs » à franchir avant d’être considéré comme un vrai joueur
dans une vraie ligue. Six niveaux affiliés de baseball mineurs. Au football si
les stades sont pleins dans la
NCAA , c’est qu’il n y a pas de ligues mineures affiliées. Au
basketball, le système lui ressemble, bien qu’il y a aussi passablement de
ligues indépendantes, et au hockey, après la LCH et la
NCAA c’est la ligue Américaine ou directement la LNH , même s’il y a des
circuits AA comme la ECHL
où se sont surtout des joueurs de la
LAH que l’on rétrograde pour faire de la place ou encore des
agents libres que l’on signe pour y jouer. Dans les trois cas, il y a moins
d’intermédiaire avant la grande ligue, et donc, plus de monde intéressé qui se
présente dans les arénas et les stades.
Ce qu’il faut savoir, c’est qu’en fait, ce sont
les ligues qui sont mineurs, pas les joueurs. Elles sont mineures parce
qu’elles ne sont pas dans les grands centres urbains et sont souvent concentrés dans des zones
géographiques définies. Les joueurs sont souvent bien loin du
« calibre » mineur qu’on leur colle à la peau. Il y a de très bons
joueurs dans ces ligues, et le spectacle y est excellent. Encore meilleur dans les circuits
indépendants car on y joue pour gagner et non pour développer des joueurs.
Broche à foin ?
Le qualificatif de ligue de broche à foin colle
aux ligues mineures. L’instabilité des concessions, les coups de marketings pas
toujours très sérieux et la difficulté de s’identifier aux joueurs en raison
des mouvements de personnels sont les principaux reproches que l’on fait à ces
ligues. Tout ceci est vrai. Mais ce n’est pas exclusif aux circuits mineurs.
Charlie O Finley a voulu introduire des balles
oranges dans le baseball majeur alors qu’il était propriétaire des A’s
d’Oakland. Il a quand même laissé l’emploi du frappeur désigné au baseball. Il
n y a pas si longtemps la LNH
a étudié l’idée de changer la forme des buts, et on joue en prolongation à 4
contre 4. On a même accepté la fusillade. Une idée qui existe depuis longtemps
dans les circuits mineurs indépendants. Règlement qui a contribué à leur
qualificatif de broche à foin. En raison d’un personnel réduit à 22 joueurs
dans le baseball indépendant, il est arrivé qu’un gérant doive jouer lors d’un
match sur la route en attendant les renforts pris avec les délais d’autobus
pour se pointer à temps. Mais Pete Rose a été joueur gérant toute une saison
avec les Reds de Cincinnati. Avec l’autonomie, les joueurs ne restent guère
plus longtemps avec leur équipe que dans les circuits indépendants. Geofrey
Tomlinson et Eddie Lantigua ont passé autant de temps à Québec que Vladimir
Guerrero à Montréal.
Quant au nombre d’équipes qui enlève supposément
de la crédibilité aux titres remportés; Me diriez-vous que 75% des Coupes
Stanley remportées par les Canadiens de Montréal alors qu’il n y avait que six
équipes, n’étaient pas dignes de mention? Que les titres remportés avec huit
équipes par ligue dans la MLB
n’étaient pas non plus de vrais titres?
Et voilà pourquoi
Pourquoi je vous parle de ça au juste? Parce
que si la ligue CanAm ou une autre ligue de baseball indépendante, avait
proposé de financer avec l’argent des autres propriétaires de garder une
concession en vie, alors qu’on la sait non profitable, tout les qualificatifs
vous seraient venus à l’esprit. Alors que dites vous maintenant de la LNH ? Après ça, comment peut-on
lever le nez sur les ligues professionnelles mineures? Souvenez-vous. Ce sont
les ligues qui sont mineures, pas les joueurs. Parce qu’elles ne sont pas
nationales, n’ont pas les mêmes budgets, et ne bénéficient pas d’une couverture
médiatique d’envergure. C’est tout ce qu’il y a de différence.
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