R.A. Dickey (Photo:Getty) |
L’histoire de R.A Dickey est un autre de ces
contes fantastiques comme seul le baseball peut nous donner. Il a trainé dans
les mineures et a fait le tour de cinq organisations des majeures. Repêché et
signé par les Rangers du Texas en 1996, les médecins de l’équipe remarquent une
anomalie importante dans son bras. Dickey n’a pas de ligament collatéral. Ce
qui réduit considérablement ses chances d’atteindre les majeures. Les
possibilités d’une longue carrière sont nulles. Pendant cinq saisons avec les
Rangers, il a servi de chair à canons. Sa moyenne de points mérités défie la
gravité. Les choses changent lorsqu’il décide de devenir lanceur de balle
papillon avant de se joindre aux Mariners de Seattle. Ce n’est pas un succès
fou mais il offre quelques bonnes sorties. Il fait d’ailleurs la manchette pour
son histoire d’homme sans ligament collatéral qui revient dans les majeures
comme « knuckleballer ». Il disparaît presque de la circulation à la
fin de cette saison 2008. Il se retrouve chez les Twins du Minnesota où
personne ne le remarque. Il n’a lancé qu’un seul match dans les majeures. En
2010, les Mets de New York en pleine reconstruction et restriction budgétaire
décident de le signer. Il performe avec une MPM de 2.84 en 21 départs pour 174.1
manches. Il en a fait autant l’an dernier avec 33 départs pour 208.2 manches et
une MPM de 3.28.
Maîtriser
l’immaîtrisable
Il faut beaucoup de temps pour devenir un bon
lanceur de balle papillon. Ce n’est pas pour rien que vous voyez les rares
artistes de ce lancer avoir du succès passés les 35 ans. Maîtriser un lancer
dont vous ignorez l’effet et la trajectoire n’est pas chose simple. Le vent est
un facteur, comme la pression de l’air et le taux d’humidité. Il faut être plus
scientifique que lanceur. Le point de relâchement, la position des doigts et la
pression sur la balle donneront des effets différents. Toujours en fonction des
autres facteurs. Les receveurs ont tous l’air de gardien de but derrière le
marbre. Car si le lanceur développe la faculté d’une zone d’arrivée de la balle
plus que d’une véritable localisation comme pour une courbe, le receveur, lui,
n’en sait absolument rien. Il fonctionne par intuition. C’est aussi pourquoi,
il arrive qu’on demande au réserviste de diriger le lanceur de balle papillon.
Celui-ci peut prendre du temps entre les matchs pour travailler avec le
lanceur, établir une bonne communication et étudier l’alignement adverse. Il
aura aussi quelques jours pour se reposer physiquement et mentalement.
R.A Dickey lance peut-être sans ligament
collatéral. Mais il vit avec des dommages collatéraux. Il a annoncé avoir été
abusé sexuellement deux fois dans son enfance. Une fois par sa gardienne, une
fois par un voisin. Longtemps dans le silence, il a décidé ou plutôt réussi à
dénoncer ces abus. Il n’hésite pas à en parler. Il obtient un bon soutien dans
sa cause et dans cette bataille psychologique.
Vers le Cy Young
Cette saison, Dickey est phénoménal. Deux
matchs d’un seul coup sûr, consécutifs en plus, onze victoires, une MPM de
2.00. La bonne saison de Johan Santana qui représentait un point
d’interrogation en début de saison contribue aux succès inattendus des Mets.
Celle de Dickey garde l’espoir. Ce gars là mérite toute notre admiration pour
sa persévérance et le courage dont il fait preuve chaque jour. Quant à Mark,
bien faute d’être le Dickey du baseball, je te rassure, tu es celui de la radio.
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