Le prochain vote du Temple de la Renommée du Baseball
comportera quelques noms qui suscitent la controverse. Barry Bonds, Sammy Sosa
et Roger Clemens seront notamment sur le bulletin de vote. Trois joueurs qui
ont fait leur marque à l’ère des produits dopants.
Jusqu’à présent on ne semble pas très chaud à
l’idée d’introniser ces joueurs si on se fie aux commentaires dans les médias.
Les amateurs ne sont guère plus favorables. Une réaction logique qui appelle au
respect des règles, à l’éthique et à l’esprit sportif. Il est difficile d’aller
contre ces trois valeurs. Mais comme je déteste les décisions unanimes et
bâclées par la croyance populaire, je me force à aller voir de l’autre côté de
la clôture. Je dois vous avouer qu’elle n’est pas facile à franchir. Après
quelques réflexions dans les derniers jours, j’en suis quand même venu à la
conclusion que ces joueurs doivent entrer à Cooperstown.
Question de justice
À date personne n’a pu faire la preuve hors de
tout doute que lesdits produits ont une influence sur la performance d’un
joueur de baseball. Je spécifie bien hors de tout doute. Des scientifiques de
toutes sortes ont tenté d’évaluer combien de circuit seraient attribuables au
produits dopants pris (supposément toujours) par Barry Bonds. Dans le pire des
cas, seulement 9 y seraient attribuables selon la formule utilisée. Des
spécialistes en aérospatiale qui furent déjà consultés dans le passé par des
entraineurs, ont scruté l’élan de Bonds à la loupe. À l’aide d’ordinateurs et
de vidéos ils en sont venus à la conclusion que son élan était exactement le
même tout au long de sa carrière. Le point d’impact et la vitesse pour y
arriver n’a pas changé entre le premier et le dernier jour. Et ça, sur tous les
types de lancer. Ils en sont venus à la conclusion que c’est sa capacité à lire
les tirs et sa patience qui en ont fait un frappeur aussi redoutable. À dire
vrai, moi-même assis dans mon salon, j’en étais venu à savoir quand il ne
s’élancerait pas, et ça, plus rapidement qu’avec n’importe quel autre frappeur,
tellement les tirs étaient devenus télégraphiés parce qu’on le craignait.
Rogers Clemens n’a jamais lancé à 110/MPH, Barry
Bonds n’a jamais atteint le premier but en moins de 3.6 secondes, ni Sammy Sosa.
Ils n’ont jamais frappé de circuit de 250 pieds , ni de 650. On estime pourtant un
circuit de Mickey Mantle à 656
pieds comme étant le plus long jamais frappé dans
l’histoire.
La plupart de ces joueurs qui ont consommé les
produits de la honte, l’ont fait pour se remettre plus rapidement d’une
blessure. Souvent des joueurs dont le poste était déjà assuré dans les
majeures. Ce qui est différent pour les F.P. Santangelo du baseball qui
consommaient d’autres types de produits, et pour d’autres raisons; Celle
d’atteindre et rester dans les majeures. D’ailleurs, il y a pas mal plus de
« no name » sur la liste des dopés que de supers vedettes. Et puis,
pourquoi n’en sont-ils pas devenus, si les produits dopants doivent faire foi
de tout? Je vous rappel que Barry Bonds et Sammy Sosa étaient dans le club des
30-30 avant même qu’on parle de stéroïdes.
Quand on veut juger quelqu’un, il faut des
preuves hors de tout doute. J’attends toujours qu’on me fasse la preuve qu’ils
ont transgressé une règle du baseball majeur. J’attends aussi une preuve de
l’influence des produits qu’ils ont pris sur leur performance. Et qu’on la
quantifie. Tout comme j’attends également les preuves juridiques.
La vertu ou la
renommée?
Le Temple de la Renommée , n’a pas été
conçu pour gérer la vertu. Comment peuvent-ils pénaliser des joueurs qui n’ont
enfreint aucune règle? Doit-on sortir Cy Young du Temple pour avoir lancé à une
époque où on pouvait le faire presque tous les jours? Juste parce que la balle
à effet n’existait pas? Juste parce que ses chiffres ne seront jamais
atteignables par d’autres? Sortez Gaylord Perry de là! Il a avoué, et a été
pris à lancer la balle mouillée, sans compter tous les autres trucs qu’il a
utilisé pour tirer avantage des frappeurs. La balle mouillée, c’est illégal
n’est-ce pas? Devrait-on bannir Ty Cobb pour avoir été immoral en aiguisant ses
crampons pour écarter les deuxièmes buts de son chemin. Combien de ses vols de
but sont attribuables à son manque de moralité? Était-ce illégal? Trichait-il?
Goerge Brett a été pris avec un bâton illégal. Sortez-le du Temple de la Renommée. On ignore
combien de ses coups sûrs sont le résultat de bâtons truqués. Ceux qui se sont
drogués dans les années ’70 et ’80, supportaient sans doute mieux la pression,
assis sur un nuage en voyant des éléphants roses à pois, au lieu de leurs
adversaires. Ils trichaient non? Le Temple de la Renommé est rempli de ces
joueurs. Qu’on poursuive la tradition, c’est tout!
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